Quelles applis étaient exclusives à Windows Mobile ?

Sommaire

À l’époque où les smartphones commençaient à s’imposer dans notre quotidien, Windows Mobile représentait une alternative sérieuse à l’iPhone d’Apple et aux premiers téléphones Android. Pensé pour une clientèle professionnelle, ce système d’exploitation développé par Microsoft se distinguait par un ensemble d’applications exclusives. Ces dernières n’étaient pas seulement utiles : elles étaient pensées pour offrir une continuité d’usage avec l’univers Windows, aussi bien au bureau qu’en mobilité. L’écosystème proposait ainsi une panoplie d’outils uniques, souvent absents de la concurrence, qui faisaient de Windows Mobile un système puissant… mais aussi rigide.

Applications professionnelles et utilitaires exclusifs

Windows Mobile se distinguait par ses nombreuses applications professionnelles intégrées, à commencer par Office Mobile. Cette version mobile des logiciels de la suite Microsoft permettait de lire, éditer et enregistrer des fichiers Word, Excel ou PowerPoint en déplacement. Bien avant que les applications bureautiques deviennent accessibles sur iOS ou Android, Windows Mobile offrait déjà cette possibilité, facilitant le quotidien des utilisateurs professionnels. C’est également dans ce contexte qu’émergea la remise en cause de la sécurité de Windows Mobile, certaines failles ayant mis en lumière la vulnérabilité de l’OS face aux nouvelles menaces.

Des services tels que MyPhone — une solution de sauvegarde cloud gratuite jusqu’à 200 Mo — s’intégraient étroitement à Windows Live, mais ils posaient aussi la question de la sécurisation des données. Windows Live Messenger, Internet Explorer Mobile et d’autres outils natifs montraient à quel point Microsoft voulait imposer sa vision du téléphone connecté, même si cette ambition s’accompagnait de risques nouveaux.

Développement et personnalisation, un atout stratégique

Une autre spécificité de Windows Mobile résidait dans la grande liberté offerte aux développeurs et aux utilisateurs pour personnaliser leurs appareils. Contrairement à iOS, très fermé à cette époque, ou à Android encore balbutiant, l’OS mobile de Microsoft permettait l’installation directe de fichiers *.CAB, des paquets d’application que l’on pouvait transférer et installer sans passer par une boutique officielle.

Le Windows Market Place for Mobile, introduit avec la version 6.5, permettait tout de même de centraliser certaines applications dans un environnement plus contrôlé. Mais beaucoup d’utilisateurs préféraient télécharger leurs utilitaires ou jeux directement depuis des forums spécialisés. Le SDK Windows Mobile, associé à Visual Studio, facilitait la création de programmes sur mesure, souvent destinés à un usage professionnel très spécifique, notamment dans les secteurs de la logistique, de la médecine ou de l’industrie. Cette liberté, précieuse à bien des égards, fut aussi une porte ouverte aux bugs et aux failles.

Les jeux et lecteurs multimédias intégrés

L’univers des jeux sur Windows Mobile était lui aussi spécifique. Microsoft avait développé une bibliothèque graphique GAPI, semblable à DirectX, qui permettait d’exécuter des jeux aux performances honorables pour l’époque. Cette API, absente d’iOS et Android, offrait des avantages aux développeurs souhaitant exploiter le plein potentiel graphique des terminaux Windows Mobile.

En parallèle, les lecteurs multimédias intégrés, très inspirés de Windows Media Player, permettaient de lire des formats souvent incompatibles avec d’autres systèmes. Cela incluait les fichiers WMA ou WMV, privilégiés dans l’écosystème Microsoft. Si certains utilisateurs appréciaient cette compatibilité étendue, d’autres regrettaient l’absence de support pour des formats plus universels comme l’OGG ou le FLAC.

Avant la généralisation des applications multiplateformes, voici les applications les plus populaires qui étaient exclusivement disponibles sur Windows Mobile :

  • Microsoft Office Mobile (Word, Excel, PowerPoint)

  • Windows Live Messenger intégré

  • MyPhone pour la sauvegarde cloud

  • Internet Explorer Mobile

  • ActiveSync pour synchronisation avec Outlook et Exchange

  • Gestionnaire de fichiers (File Explorer)

  • Task Manager intégré

  • Jeux exploitant la bibliothèque GAPI

  • Applications installées via fichiers *.CAB

  • Widgets depuis Windows Market Place for Mobile

Une rupture technologique avec Windows Phone

Lorsque Microsoft lança Windows Phone, ce fut une véritable rupture d’écosystème. Les anciennes applications Windows Mobile n’étaient plus compatibles. En choisissant de reconstruire son OS mobile autour de nouvelles technologies (Silverlight, XNA puis Universal Windows Platform), l’entreprise abandonna l’héritage logiciel de sa première plateforme mobile. Ce virage provoqua la frustration d’une partie de sa base d’utilisateurs professionnels, qui avaient investi dans des solutions métier sur mesure.

La décision de Microsoft d’abandonner les *.CAB et d’imposer un modèle fermé d’installation via une boutique unique a aussi freiné certains développeurs. Malgré des efforts notables pour rattraper son retard face à Android et iOS, Windows Phone ne retrouva jamais la richesse applicative spécifique à Windows Mobile. Cette transition, bien que pensée pour le long terme, fut perçue comme brutale par de nombreux professionnels et entreprises.

Enfin, la remise en cause de la sécurité de Windows Mobile n’a pas totalement disparu avec Windows Phone. Les premières versions de l’OS suivant Windows Mobile souffraient encore de failles exploitables, et le processus de mise à jour n’était pas toujours fluide ni fiable. De nombreux utilisateurs ont exprimé leurs regrets sur des forums et dans les médias spécialisés.

Héritage, disparition et regards d’utilisateurs

La disparition progressive de Windows Mobile n’est pas simplement liée à une mauvaise stratégie commerciale. C’est aussi le reflet d’un changement profond de paradigme technologique. Les OS mobiles modernes ont peu à peu abandonné l’approche « desktop miniature » de Windows Mobile pour adopter des systèmes pensés dès le départ pour l’ergonomie tactile et la consommation de contenus en mobilité. En savoir maintenant.

Certains nostalgiques continuent pourtant de saluer les qualités de cet OS. J’ai moi-même expérimenté Windows Mobile en entreprise dans les années 2000. Nous utilisions Office Mobile pour des rapports sur chantier et MyPhone pour sauvegarder nos données. Ces outils étaient fiables, précis et bien intégrés à notre infrastructure Windows. Le passage à Android fut un choc : plus moderne mais moins structuré pour notre usage.

Autre retour d’expérience : un technicien hospitalier m’expliquait qu’ils utilisaient un logiciel propriétaire de gestion des stocks sur un PDA sous Windows Mobile. Lors du basculement vers Android, impossible de retrouver un outil aussi adapté. Il fallut réinvestir dans un développement sur mesure.

Enfin, la lente disparition de Windows Mobile reste une leçon d’évolution dans l’univers numérique. Elle démontre qu’une solution trop spécialisée ou trop en avance sur son temps peut aussi devenir obsolète si elle n’évolue pas avec son écosystème. Microsoft l’a compris à ses dépens.